Axel Nodinot 
Elle aurait pu provoquer la mort de 8 personnes l’automne dernier,
Francia Maria Rasoanahinatiana a été arrêtée le 1er mai dans le
fokontany de Jabala.
C’était le 11 novembre 2020. Des pêcheurs malgaches découvrent, lors de leur tournée du jour, une embarcation errant en mer. A son bord, 13 personnes, qui essayaient de rallier Mayotte, victimes d’une panne de moteur du bateau. Ils ont embarqué fin octobre, et étaient 21 personnes au départ de Nosy Bé. En effet, 8 personnes ont trouvé la mort dans cette embarcation, dont une femme enceinte, et deux enfants de 3 et 8 ans. Ils ont dû être jetés par dessus bord par les autres passagers.
Il apparaît rapidement que ces migrants, cherchant à fuir la misère, ont été victimes d’une passeuse, Francia Maria Rasoanahinatiana. Elle aurait opéré beaucoup de trajets Nosy Bé – Mayotte, récoltant au passage entre 2,5 et 3 millions d’ariary par personnes, soit environ 600 euros par tête. Ce trajet, bien plus dangereux que celui reliant l’île comorienne d’Anjouan au 101ème département français, est aussi plus long. Effectivement, seuls 80 kilomètres séparent Anjouan de Mayotte, contre plus de 300 kilomètres entre l’île malgache de Nosy Bé et l’île au lagon.
C’est donc le 1er mai 2021, en début de soirée, que Francia Maria Rasoanahinatiana a été arrêtée par les autorités malgaches. Elle devrait désormais faire l’objet d’une enquête plus approfondie pour déterminer la nature et la quantité de ces opérations de passage clandestins, qui auraient causé le décès de plusieurs personnes. De cette histoire dramatique découle une généralité encore plus tragique, celle de millions de personnes, à travers le monde, ayant déjà trouvé la mort lors d’une migration. Dans le sud-ouest de l’Océan Indien, les traversées entre l’Afrique et Mayotte, en passant par les Comores, font elles aussi de nombreuses victimes, emportées par la mer, mais aussi par les bras de passeurs peu scrupuleux.
Un article d’Axel Nodinot, à retrouver dans l’édition du mardi 18 mai 2021 de France Mayotte Matin.
