
Le collectif mahorais regrette la xĂ©nophobie, qui devrait Ăªtre critiquĂ©e dans toutes ces formes, de la part de certains RĂ©unionnais. Retrouvez le communiquĂ© du collectif ci-dessous :
RAS LE BOL DE LA HAINE ANTI-MAHORAIS A LA REUNION!
Nous souhaitons officiellement protester contre la haine anti-Mahorais qui dĂ©ferle sur les rĂ©seaux sociaux, dans les mĂ©dias et la bouche de certains Ă©lus de la RĂ©union avec une violence inouĂ¯e. La mahophobie rĂ©unionnaise est dĂ©complexĂ©e: agressions dans les rues, injures, discrimination Ă l’emploi et autres discours publics de dĂ©nigrement visent quotidiennement les Mahorais. Les commentaires racistes au bas des articles de presse en ligne, les appels du public Ă la radio contre les Mahorais incarnent l’abjection la plus nausĂ©abonde.
Il semble que le mĂ©tissage du peuple « arc en ciel » et son vivre-ensemble s’arrĂªtent aux cheveux crĂ©pus, Ă la peau noire et aux tenues traditionnelles de Mayotte rĂ©gulièrement mis Ă l’index en oubliant le sari ou le salwar kameez qui se baladent sans encombres… Rappelons que les Mahorais et les Mahoraises sont des Français comme les autres, libres de s’installer sur le territoire national Ă leur guise, Ă la RĂ©union comme ailleurs, et leur accès aux aides et services publics n’est pas une faveur mais un droit. Appeler Ă l’exclusion, la haine, au viol ou aux ratonnades contre les Mahorais est passible de poursuites judiciaires. Et les Ă©lus qui encouragent ces violences sont en rupture avec le pacte rĂ©publicain.
Cette poussĂ©e de mahophobie rĂ©unionnaise aigĂ¼e dans le contexte de l’épidĂ©mie pose question: la santĂ© des Mahorais et des Mahoraises vaut-elle moins que celle de nos compatriotes de la RĂ©union? Ne sommes nous pas tous Français et Ă©gaux ? La solidaritĂ© nationale est-elle Ă sens unique pour la RĂ©union ?
Les appels à fermer la Réunion aux patients mahorais sont inadmissibles: rappelons aux amnésiques ou élus de mauvaise foi que l’ARS de Mayotte n’a été créée qu’il y a un an. Ces dernières décennies, toute la santé publique de Mayotte a été décidée et gérée depuis Saint-Denis de la Réunion: le désert médical mahorais qui nous tue en cette période de pandémie est aussi le fruit de la mauvaise gestion réunionnaise.
Pire, les fonds publics destinés à la santé pour Mayotte ont été investis à la Réunion en prévoyant l’accueil de notre patientèle: c’est à dire que les investissements publics qui ont créé le CHU de la Réunion ont été obtenus en incluant les patients mahorais dans l’équation. Pour mémoire, les médecins spécialistes engagés dans les structures publiques réunionnaises doivent contractuellement travailler en partie pour Mayotte. L’ARS de la Réunion facture à l’ARS de Mayotte chaque évacuation sanitaire, chaque prise en charge de patient mahorais.
S’il est inacceptable de remettre en cause cette obligation de soigner les patients mahorais alors que nous sommes entrain de mourir, la situation actuelle souligne l’urgence de remettre en cause cette orientation de la Santé dans l’Océan Indien centrée à La Réunion. Mayotte a besoin d’investissements massifs pour un deuxième hôpital à hauteur des besoins, la formation de soignants Mahorais et une montée en capacités techniques du CHM: nous comptons sur les élus réunionnais pour appuyer cette démarche. Cela changerait.
Nous rappelons enfin que La Réunion construit une partie de sa richesse sur Mayotte qui accueille investisseurs et cadres de l’île Bourbon placés stratégiquement pour se tailler la part du lion. De nombreuses entreprises réunionnaises comme Air Austral, Caillé, CBo Territoria, Prudence Créole, Ravate, Sapmer, Héli Lagon opèrent et font des profits colossaux sur le marché mahorais.
Si La Réunion se gargarise de sa supériorité sur Mayotte, elle peut s’interroger sur le maintien dans le sous développement structurel de l’île aux Parfums en regardant la répartition des fonds publics destinés aux deux départements et dont la gestion est centralisée à Saint-Denis pour le grand bénéfice de l’Ile Bourbon. Les services publics nationaux sont basés à la Réunion et incluent souvent une antenne à Mayotte pour capter davantage de crédits sans pour autant se déployer sur place à la hauteur des besoins.
Paris a choisi de privilĂ©gier la tutelle administrative de la RĂ©union sur Mayotte et cela dĂ©termine les investissements publics Ă la RĂ©union, le dĂ©veloppement massif des infrastructures et des crĂ©ations d’emplois sur place. Nous constatons que cela se fait systĂ©matiquement aux dĂ©pens des investissements sur Mayotte et que cela induit une obligation de la RĂ©union envers Mayotte. Il faut maintenant l’assumer ou aller au bout de la remise en question que certains politiques rĂ©unionnais sous-entendent : Mayotte ne peut que se rĂ©jouir d’enfin Ăªtre traitĂ©e dignement.
RA HACHIRI