
COMMUNE DE BEHAHITSE - Des membres du «fokonolona» (communauté) de Betioky rencontrés dans le village de Behahitse, district d’Ampanihy. Ils sont soumis à l’autorité d’un «Dina Be» (voir page 7 de ce document). On me dit que la plupart d’entre eux sont d’anciens voleurs de zébus mais qui se sont «rangés» (Dahalo niova fo). Ils viennent tout de même armés et protégés de leurs amulettes (ody gasy) «car on ne sait jamais» me disent-ils. Ils rendent visite au fokonolona de Behahitse pour réclamer leur dû : neuf zébus doivent être remboursés à la communauté de Betioky car un habitant de Behahitse y a volé une bicyclette. Mais le fokonolona de Behahitse n’est pas d’accord, il trouve que c’est beaucoup trop et contraire à la règle qui a été établie par le Dina Be. Normalement le remboursement devrait être de trois zébus et non pas neuf. Les deux parties se réunissent sous des tamariniers près du marché du village. Un long «kabary» (discussion, discours) d’une journée va finalement mettre les deux parties d’accord. Pour sceller ce pacte, un zébu sera tué et partagé. PHOTO : © RIJASOLO
On les appelle les Dahalos ou voleurs de zébus du Sud malgache qui chaque année émaillent l’actualité pour les razzias qu’ils mènent sur les troupeaux mais aussi les violents affrontements qui les opposent aux forces de l’ordre. Le photographe malgache Rijasolo les a immortalisé et son travail vient d’être récompensé par l’une des plus hautes distinctions…
Les Dahalos ou voleur de zébus sévissent depuis des dizaines d’années dans le Sud malgache où ils écument les troupeaux par vagues et ruinent des paysans qui ne possèdent d’autres richesse que leurs animaux. Cette ethnie ne cultive pas la terre, ne pêche pas, elle vole les bovins pour en tirer profit après les avoir revendus créant ainsi un immense trafic contre lequel les autorités luttent depuis des années.
Ce qui donne d’ailleurs lieu à des très violents affrontements avec les forces de l’ordre faisant de très nombreuses victimes du côté des voleurs, des gendarmes, mais aussi des habitants du Sud…
L’histoire s’écrit ainsi dans cette région de la Grande île et le photographe documentaire Rijasolo l’a immortalisée à travers son objectif en suivant les Dahalos et leurs victimes pendant près de 10 ans. Il a ainsi figé à travers une série en noir et blanc intitulée « La Guerre du Zébu, l’insécurité de masse, les gens obligés de fuir leurs villages, de quitter leurs terres et de se réfugier dans les grandes villes, comme Antananarivo, pour retrouver une vie normale. Son œuvre ne montre cependant pas qui est le bon ou le mauvais dans l’histoire, mais elle dévoile la cruauté du phénomène. Immensité des paysages, hommes en armes, scènes du quotidien, proximité avec les sujets, Rijasolo offre ainsi 29 photos qui retranscrivent la complexité et l’ambiguité d’un conflit meurtrier.
Rijasolo a ainsi été récompensé par le prestigieux World Press Photo dans la catégorie « Africa, long-term projects », il est à ce titre le premier photographe de la Grande Île à le remporter. A voir absolument !