Sada : Ismaël Chakrina agressé chez lui et cambriolé

Ismaël Chakrina, le célèbre écrivain mahorais et élu de Sada, a été victime avec sa famille d’un cambriolage et d’une agression cette nuit.

Nul n’est à l’abri de la délinquance et des violences à Mayotte. Pas même Ismaël Chakrina, l’auteur notamment de La consultation du 2 juillet 2000, essai sur la départementalisation de l’île. Dans la nuit du 30 au 31 décembre, sa famille et lui ont été victimes d’un cambriolage avec violences. L’homme de lettres a évoqué cette nuit de terreur sur les réseaux sociaux. Il revient avec nous sur cette expérience traumatisante.

“J’ai essayé de lancer un message, il faut qu’on arrive à en parler”, affirme-t-il, avant de revenir sur les événements. “Je n’ai rien entendu jusqu’à ce que les deux individus viennent dans ma chambre, vers 3 heures du matin. Le bruit qu’ils faisaient en débranchant nos équipements électroniques a réveillé ma femme, qui a hurlé en les voyant”. C’est alors qu’Ismaël Chakrina, réveillé en sursaut, poursuit les deux voleurs.

L’élu de Sada visé par un projectile

“Ils n’étaient pas cagoulés, mais je n’ai pas pu les voir dans le noir. Je les ai poursuivis en descendant l’escalier. C’est là que j’ai vu qu’une troisième personne en bas les attendait. La porte était ouverte. Ils étaient organisés.” Après les avoir chassés, le quatrième adjoint au maire de Sada pense à sa famille, et veut remonter l’escalier. “C’est là que j’ai entendu un bruit qui ressemblait à une pierre lancée. J’ai pu l’esquiver, c’était un gros galet lancé par l’un des trois individus.” Les voleurs s’en vont après cette ultime agression.

L’élu de Sada nous révèle qu’avant lui, une autre personne de la commne a été victime d’une agression. “Sada n’est normalement pas une ville de violences. Les gens vivent tous ensemble, quelle que soit leur communauté.” L’occasion de revenir avec l’auteur sur la délinquance qui ronge Mayotte ces derniers temps.

Ismaël Chakrina partisan d’une adaptation de loi française à Mayotte

Pour lui, le phénomène est difficile à décrire. “J’ai du mal à comprendre cette violence qui frappe Mayotte, regrette-t-il. Pourquoi agressent-ils ? Pour la nourriture ? Pour protester contre cette société ?” M. Chakrina, capable de prendre du recul malgré une nuit mouvementée, est partisan de l’éducation pour régler ces maux. “Il faut que l’on tienne compte de cette jeunesse. Pas juste donner des papiers à ceux qui arrivent si c’est pour les laisser dans la misère. Il faut aussi leur fournir du social, une formation, un travail.”

L’écrivain continue, en balayant de ses mots la société mahoraise. “Mayotte est une société à deux vitesses. Il faut comprendre ses maux pour les régler. Nous sommes Français, Européens, mais aussi Africains.” M. Chakrina est en fait partisan d’une adaptation de la loi française à Mayotte. “La loi est votée par des Hommes, et les Hommes ne sont pas parfaits.” Des paroles sages et un discours éclairé, qui vaudrait bien d’être mis en pratique sur l’île au lagon.