Kwezi 
Pour cette journée de la laïcité à Mayotte, principes et valeurs de la République étaient à l’ordre du jour.
Ce mercredi 9 novembre était marqué par la journée nationale de la laïcité. A Mayotte comme dans le reste du pays, élèves et enseignants restituaient des travaux menés depuis plusieurs semaines. Ces travaux tournaient autour des principes et valeurs de la République, avec la question de la laïcité en toile de fond. L’occasion d’extérioriser et d’échanger autour d’une thématique fondamentale. Quand les valeurs de la République épousent les traditions d’un territoire…
Depuis l’assassinat de Samuel Paty le 16 octobre dernier, la question de la laïcité dans l’Education Nationale a pris plus d’ampleur encore qu’auparavant. C’est alors que les consignes étaient données aux personnels enseignants et équipes pédagogiques de commencer à travailler sur le sujet. Des travaux qui ont duré plusieurs semaines au sein des établissements scolaires. Ce qui a mené à la restitution finale d’hier, laquelle a concerné bon nombre d’établissements.
Réunir la République et les traditions de Mayotte
C’est pour y assister et valoriser les efforts mis en œuvre que le recteur Gilles Halbout était présent hier matin au lycée du Nord d’Acoua. Il y accueillait le député Mansour Kamardine. C’est ensemble qu’ils rencontraient les élèves pour un temps d’échanges et de discussions autour de la thématique de la laïcité. Notamment autour de la question somme toute primordiale à Mayotte. Comment concilier les valeurs de la république avec les traditions d’un territoire comme Mayotte ?
Il s’agissait ainsi de rappeler qu’il n’y a rien au sein de la République qui « gomme les traditions de l’île ». Le point était également mis sur le social, comme nous l’explique Mr Halbout. « La laïcité n’est pas uniquement un des quatre piliers organisationnels de notre République, déclare-t-il. Elle s’alimente aussi des autres piliers, notamment le pilier social, discuté avec les élèves ». Il continue : « Si la République n’est pas garante du pacte social, elle sera minée par ceux qui défendent d’autres modèles sociaux ». Une société bien organisée s’imposant, selon les mots du recteur, comme « un rempart avec toute forme d’extrémisme ».
Les élèves s’approprient la laïcité
Le recteur s’est ensuite rendu à Chiconi, pour être le témoin de la restitution du travail des collégiens. Expression corporelle, représentation de théâtre, de slams… Autant de façons d’amener les élèves à s’approprier la notion de laïcité, mais aussi de l’extérioriser d’une façon intime et personnelle. « Ce que j’en retiens, c’est l’appropriation des principes de laïcité par les jeunes collégiens » expliquait Gilles Halbout. Le recteur était visiblement séduit par les restitutions.
« J’ai vu vraiment beaucoup d’expressions personnelles. Je pense que l’éducation à Mayotte doit permettre a ces jeunes de prendre la parole, de la libérer et de donner leur avis. J’ai trouvé que c’était très fin, très responsable, très intéressant ». Une façon intime et personnelle d’aborder un sujet fondamental pour des jeunes qualifiés de « très mûrs » et « très libres » par le recteur. Cette restitution permettait de faire écho aux valeurs fondatrices de la République. Tout en s’éloignant des formes d’apprentissage plus formelles, à l’instar du simple apprentissage. La conscience citoyenne ne s’acquiert elle pas en étant soi-même acteur ?
Un article de Mathieu Janvier, à retrouver dans le France Mayotte Matin du jeudi 10 décembre 2020.
